Le monde de l'oncologie tire la sonnette d'alarme afin d'éviter que des personnes atteintes d'un cancer, déjà dépistées en tant que tel et traitées ou non, ne deviennent les victimes collatérales du virus. La plateforme All.Can Belgium adresse un appel au groupe d'experts chargé de penser le déconfinement (Gees) dans Le Soir lundi.
La plateforme, qui réunit des médecins spécialisés, des experts de la santé et des industriels pharmaceutiques, fait part de son inquiétude sur les cancéreux qui s'ignorent. "Chaque année en Belgique, nous dénombrons 68.000 nouveaux cas. Or, dès le début du confinement, tout le dépistage de nouveaux cancers che z des personnes asymptomatiques a été mis complètement à l'arrêt", pointe le docteur Didier Vander Steichel, membre du bureau de All.Can Belgium et par ailleurs directeur général de la Fondation contre le cancer. "Cela ne peut pas durer des mois sinon on fait courir un risque à cette population".
Le traitement est un autre sujet de préoccupation, car "il faut une prise en charge dans un délai raisonnable". "On ne peut pas reporter ces opérations ad vitam aeternam. Il va falloir relancer dans des délais assez proches la machine chirurgicale avec tout ce qui tourne autour, y compris les soins intensifs". Or, actuellement, ces derniers services sont largement monopolisés par des malades du Covid-19 car leur survie en dépend.
"Un jour de traitement perdu, c'est un jour de moins en termes de qualité de vie et de chance de survie. Plus le temps passe, plus il y aura de risque de victimes collatérales", met en garde le professeur Ahmad Awada, président de All.Can Belgium et chef du service d'oncologie à l'Institut Jules Bordet.
L'urgence est donc à la relance, estiment les experts de la lutte contre le cancer, avec un plan qui prend en considération tout ce qu'ils déplorent sur le terrain.