Avec la pandémie de Covid-19, le dépistage et la prise en charge des cancers ont été mis à mal. Le bilan devra être tiré sur plusieurs années. Des hôpitaux ont mis en œuvre des consultations virtuelles, mais est-ce efficace?
Pour le savoir, des chercheurs canadiens ont mené une étude sur un programme de soins virtuels à l’échelle d’un centre spécialisé en cancérologie. Il s’agit d’une étude de cohorte menée en Ontario (Canada) entre le 23 mars et le 22 mai 2020.
Les mesures des résultats ont porté sur les volumes de prestation de soins, la qualité des soins, l’expérience des patients et des praticiens, et les économies réalisées par les patients.
Les solutions virtuelles ont été développées et lancées dans les 12 jours suivant la déclaration de la pandémie de Covid-19. Cela montre déjà que les services étaient préparés à cette éventualité. En tout, 22.085 visites virtuelles, soit une moyenne de 514 visites par jour, ont été enregistrées, comprenant 68,4% (écart-type: 18,8%-100%) des visites quotidiennes contre 0,8% avant le lancement (p < 0.001). Les volumes des patients ont été récupérés 1 mois après le déploiement, soit entre 3.714 et 4.091 patients par semaine, tandis que les soins de chimiothérapie et de radiothérapie sont restés stables tout au long de l’année: 1.943-2.461 patients par semaine. Aucun changement dans les politiques institutionnelles ou provinciales concernant les indices de qualité des soins n’a été observé. Un total de 3.791 enquêtes auprès de 3.507 patients et de 284 praticiens ont été réalisées. Sur l’ensemble, 2.207 patients (82%) et 92 praticiens (72%) ont indiqué leur satisfaction à l’égard des consultations virtuelles. Le coût direct de cette initiative a été de 202.537 dollars canadiens, soit près de €130.000, et les économies de coûts liés au déplacement des patients se sont élevées à 3.155.946 dollars canadiens, soit un peu plus de 2 millions d’euros.
Ces résultats suggèrent que la mise en œuvre des soins virtuels à l’échelle d’un centre de traitement du cancer à haut volume est donc possible. L’approche de la conception des services a permis de préserver le nombre de patients ambulatoires et de maintenir un niveau élevé de qualité des soins aux patients, ainsi qu’un haut taux de satisfaction de ces derniers et des praticiens. Ceci devrait permettre d’aider à orienter la transformation de la télémédecine dans l’ère post-Covid-19.