Avec le printemps, le soleil a fait son grand retour et les badauds en quête de vitamine D fleurissent à nouveau dans les rues. Mais ses rayons, porteurs d'ultraviolets (UV), charrient aussi le danger de développer un cancer de la peau, type de cancer le plus fréquent en Belgique. Une personne sur cinq sera confrontée à un cancer de la peau avant l'âge de 75 ans, pointe la Fondation contre le cancer, qui tire la sonnette d'alarme face à une explosion de cas au cours des dernières décennies. Elle appelle mercredi les gouvernements fédéral et régionaux à matérialiser un plan d'action national.
En 2019, le cancer de la peau représentait 40% de tous les cancers (invasifs) enregistr&e acute;s en Belgique, loin devant le cancer du sein (10%), de la prostate (9%), du poumon (8%) et de l'intestin (7%). Au total, 45.733 nouveaux cas de cancers de la peau ont ainsi été diagnostiqués. Et d'ici 2030, ce ne sont pas moins de 80.000 cas qui seront découverts, car cette explosion de l'incidence mettra de nombreuses années à être bridée, souligne le Dr Didier Vander Steichel, de la Fondation contre le cancer.
Or, ce cancer n'est pas une fatalité: un dépistage précoce (au premier stade de la maladie) offre de bonnes chances de survies (proches de 100%) tandis que, pris au dernier stade, ces chances tombent sous les 60% dès la première année suivant le diagnostic.
Mais sans action urgente, alerte la Fondation, les coûts cumulés des cancers de la peau pour la sécurité sociale atteindront 3,5 milliards d'euros d'ici 2034 (traitements nouveaux plus onéreux, prise en charge sur le long terme...). "C'est beaucoup d'argent, quand on sait que nos soins sont déjà sous pression, notamment budgétaire" depuis plusieurs années et d'autant plus avec la pandémie de coronavirus, note le docteur Vander Steichel.
Se posera également le problème de la disponibilité des soignants: la charge des soins augmentera d'environ 100 patients par médecin d'ici 2030. Cette hausse de la demande des soins aura un impact non seulement sur le diagnostic précoce mais aussi sur les soins ultérieurs, assurés en première ligne par les médecins généralistes, les dermatologues et les chirurgiens plasticiens, créant un "effet boule de neige", met en garde le Dr Didier Vander Steichel.
"Il est plus que temps d'agir!", conclut donc le médecin.
Une campagne nationale sera par ailleurs lancée le 9 mai pour sensibiliser les Belges à bien se protéger dès que l'indice UV (spécifié dans les bulletins météo, notamment) grimpe à 3. Ombre, vêtements couvrants, lunettes de soleil et, enfin, crème solaire seront alors les meilleurs alliés d'une exposition sans danger.
Six Belges sur dix ne font pas contrôler leur peau chaque année par un ou une dermatologue, ressort-il du "livre blanc" 2021, présenté mercredi à la presse, sur l'évolution du comportement des Belges face au soleil, après 10 ans de prévention contre les ultraviolets (UV). Si leur connaissance des dangers de l'exposition au soleil reste relativement bonne, des idées reçues (et dommageables pour la santé) subsistent.