En Europe, les migrants et réfugiés sont généralement en bonne santé, mais ils ont un risque accru de développer certaines maladies infectieuses ou des affections comme le diabète, montre un rapport du bureau européen de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) présenté lundi à Genève. S'ils sont moins touchés que la population hôte par le cancer, ils sont davantage diagnostiqués à un stade avancé, ressort-il aussi du rapport, le premier consacré à ce sujet par l'institution des Nations unies.
Les auteurs ont épluché les données de quelque 13.000 documents scientifiques récents dans le but de dresser un état des lie ux de la santé des réfugiés ainsi que des migrants internationaux, quel que soit leur statut, dans 53 pays de la région européenne.
En raison de leur parcours, ces personnes sont plus vulnérables aux maladies infectieuses. Néanmoins, le risque de transmission à la population locale est très faible, tandis que le nombre de cas de tuberculose, par exemple, dépend aussi de la prévalence de cette maladie dans les pays hôtes, met en avant le rapport. De même, une part importante de migrants séropositifs ont contracté le VIH après leur arrivée en Europe.
S'agissant des maladies non transmissibles, leur prévalence est généralement plus faible parmi les migrants, mais elle converge avec celle des locaux au fur et à mesure que leur séjour s'étend. De plus, s'ils sont moins touchés par le cancer (sauf le cancer du col de l'utérus), celui-ci est plus susceptible d'être diagnostiqué à un stade avancé. La proportion de diabétiques est, elle, plus importante au sein de cette population, surtout chez les femmes.
Le bureau européen de l'OMS s'est également intéressé aux maladies mentales, mais les études disponibles ne permettent pas de tirer de conclusions claires, explique-t-il. Néanmoins, les mineurs non accompagnés présentent des taux plus élevés de dépression et de symptômes du syndrome de stress post-traumatique. Ceux-ci sont en outre plus exposés à l'exploitation sexuelle.
Les migrants, en ce compris les réfugiés, représentent au total près 10% de la population des 53 pays européens étudiés. Leur prise en charge y est très inégale. Ainsi, dans 15 pays comme l'Autriche, la Turquie ou le Royaume-Uni, les demandeurs d'asile ont accès aux mêmes soins que la population locale. En Allemagne et en Hongrie en revanche, ils n'ont droit qu'aux soins d'urgence. En Belgique, ils ont accès à tous les soins considérés comme nécessaires pour mener une vie «conforme à la dignité humaine».
L'OMS appelle les pays européens à «fournir une couverture sanitaire de qualité à un prix abordable, ainsi qu'une protection sociale à tous les réfugiés et migrants, quel que soit leur statut juridique».